Voilà une question récurrente et tout à fait légitime pour un coach qui cherche un lieu de supervision. Car, bien qu’ayant des points communs, ces deux formes de supervision (supervision individuelle et supervision collective) sont bien différentes sur certains points. Après avoir vu, dans l’article précèdent, l’importance de se faire superviser même quand on n'a pas de client, voyons maintenant les différents aspects qui différencient ces deux formes de supervision pour coachs, et qui peuvent d’ailleurs se compléter.
LA SUPERVISION COMME ESPACE RESSOURCE
Le coach professionnel qui souhaite se faire superviser le sait bien : la supervision sera pour lui un espace « Ressource », où il pourra évoquer, dans un espace protégé, ses doutes et ses incertitudes en lien avec son activité de coaching. Cet espace lui permettra de reprendre de l’énergie, pour être plus puissant dans l’affirmation de son identité de coach.
Dans un monde complexe et turbulent, c’est d’ailleurs souvent le bénéfice premier qui est attendu et évoqué par le coach qui recherche un espace de supervision.
Quelle différence entre supervision individuelle et collective ?
Sans aucun doute, la supervision collective permet de « partager » des préoccupations communes. Elle permet au coach de conscientiser qu’il n’est pas le seul à traverser certaines difficultés et/ou épreuves. Le seul fait de pouvoir échanger en groupe permet au coach d’avoir une « ressource collective » qu’il n’a pas en individuel. Un coach qui lui-même accompagne des équipes connait d’ailleurs bien la puissance du travail en groupe sur le ressourcement énergétique de chacun des ses membres.
Néanmoins, ce n’est qu’un premier point de vue ; en effet, le coach un peu pudique et/ou peu confiant en lui, se trouvera plus à l’aise et ressourcé à travers un lien en face à face avec un superviseur, qui s’occupera « spécifiquement et uniquement » de lui. Il osera en particulier plus facilement poser certains doutes profonds dits « identitaires ».
Par ailleurs, une différence de taille est liée à la confidentialité des échanges ; même si le superviseur pose des règles très strictes de confidentialité au démarrage d’une séance collective, la parole en groupe est « mécaniquement » partagée et entendue par tous. Ainsi, certains seront nettement plus à l’aise et préfèreront être supervisé en individuel pour prendre un maximum de précautions par rapport à des enjeux business. Ceci est particulièrement vrai pour les coachs internes, liés par des clauses de confidentialité (au minimum de discrétion) par rapport à leur structure qui les emploie.
LA SUPERVISION COMME ESPACE DE DEVELOPPEMENT
Le coach cherche également à travers la supervision à se « professionnaliser » et à « améliorer ses pratiques ». Il vient souvent y chercher une fonction « garde-fou », que les 2 types de supervision garantissent. Il vient aussi y chercher un lieu où il pourra « grandir » et se « développer » au niveau identitaire.
Une évidence s’impose alors : pendant la supervision individuelle, le superviseur ne voit pas le coach pratiquer !
De plus, la supervision individuelle est « personnelle et confidentielle » ;
... ainsi donc, tout naturellement, la portance de développement n’est pas la même suivant la formule choisie.
Quelle différence entre supervision individuelle et collective ?
La supervision collective permet (dans certaines formules), de s’exercer à la pratique de coaching et d’être supervisé « en live » sur sa pratique en tant que coach ; le coach bénéficie alors de l’espace collectif pour avoir des retours de la part des membres du groupe. Il se perfectionne petit à petit sur sa pratique en tant que coach. Les observateurs affinent eux aussi, en mode systémique, leurs options d’interventions.
La supervision individuelle comme la supervision collective ouvrent toutes deux l’espace pour des « analyses de cas » et/ou des « problématiques » d’intervention ; en mode « groupal » (quelle que soit le processus suivi : type analyse de pratique, processus 7 eyed, … ) le coach travaille alternativement en tant que « client » et en tant que « observateur – acteur ». Chaque coach bénéficie donc, en intelligence collective, des « échos systémiques » dans le groupe des problématiques amenées, lui donnant des apports réflexifs très riches.
Dans certains cas néanmoins, la supervision individuelle lui permet de travailler plus en avant une problématique « précise » et critique face à un client particulier. Ceci est également vrai pour des problématiques « récurrentes », où le travail avec un superviseur en individuel peut être particulièrement pertinent, pour creuser ce qui se joue derrière les scénarios répétitifs.
L’espace individuel est bien sûr extrêmement puissant face à des enjeux de développement identitaire. La réflexion sur certains choix d’orientation professionnels, sur des enjeux commerciaux, de doutes vis-à-vis de certaines institutions et/ou collègues, sont souvent plus facilement posés et approfondis en supervision individuelle. Le superviseur joue ici pleinement son rôle de « guide » et « d’étayeur » sécurisant et protecteur pour la croissance identitaire du coach supervisé.
LA SUPERVISION COMME ESPACE DE LIENS
Le coach trouvera au fil des séances en supervision collective un creuset de confiance, de partage, facilitant les échanges professionnels. Il pourra y construire, pourquoi pas, la base d’un réseau de partenaires.
Cela apparaît comme une évidence : le coach qui a besoin ou veut créer des liens avec d’autres coachs se dirigera tout naturellement vers la supervision collective !
Bien sûr, pour que la dynamique de groupe s’installe, la supervision collective nécessite un engagement de régularité de chaque coach du groupe. Pour cette contrainte de régularité qui peut ne pas lui être possible, un coach peut décider de se tourner vers la supervision individuelle. Car la supervision individuelle est de facto en général plus souple au niveau calendaire.
Conclusion : Supervision individuelle ou supervision collective, que faut-il choisir ?
Nous l’avons bien vu : les deux formules ont des portances un peu différentes :
Un coach qui souhaite se développer sur sa pratique de coach, bénéficier de l’intelligence collective de pairs et/ou créer du lien avec d’autres coachs, aura sans doute avantage à rechercher un espace de supervision collective.
Un coach qui souhaite un espace avec un maximum de protection, dans lequel il pourra travailler en toute confidentialité sur certains aspects, et/ou s’étayer sur des aspects identitaires, aura sans doute avantage à aller vers de la supervision individuelle.
Les contraintes de disponibilité calendaire guideront aussi peut être son choix.
De ce fait, Il est pertinent que le coach puisse choisir sa forme de supervision en fonction de ses enjeux et de son activité !
Un coach débutant par exemple choisira peut être le collectif si il veut rompre le sentiment de solitude, créer des liens et affiner sa pratique, ou plutôt de l’individuel si il veut bénéficier d’un espace protégé puissant pour réfléchir à son identité.
Nous l’aurons compris, si supervision collective et individuelle ne sont pas totalement différentes, elles sont complémentaires sur certains aspects. L’idéal est donc, de mon point de vue, de pouvoir les envisager en alternance, à un rythme cyclique approprié pour chacun. Chaque cas étant particulier, c’est aussi un des rôles du superviseur d’aider le coach à trouver la forme de supervision de l’instant qui semble la plus appropriée en fonction de ses enjeux du moment.
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